Arnaque numérique : l’IA fait perdre 19 millions d’euros

Jantien RAULT

CEO POWER ITI

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En bref

L’arnaque numérique orchestrée par des cybercriminels exploitant l’intelligence artificielle a détourné 19 millions d’euros, piégeant plus de 200 investisseurs à travers le monde. Cette opération sophistiquée, mise au jour par les autorités espagnoles, combinait habilement des technologies de deepfakes avec des publicités ciblées pour manipuler efficacement les victimes.

Les malfaiteurs ont conçu une stratégie en plusieurs étapes, diffusant d’abord des contenus publicitaires attrayants sur les réseaux sociaux, puis utilisant des visages générés par IA et des discours falsifiés de personnalités connues pour renforcer leur crédibilité. Cette méthode leur a permis d’attirer des investisseurs crédules vers leur plateforme frauduleuse.

Les victimes, séduites par des promesses de rendements exceptionnels, ont progressivement versé des sommes importantes, ignorant qu’elles alimentaient un système criminel élaboré. La police espagnole a finalement démantelé ce réseau après une enquête minutieuse, mettant en lumière l’évolution inquiétante des techniques d’escroquerie grâce aux avancées technologiques.

Cette affaire souligne la nécessité de redoubler de vigilance face aux sollicitations d’investissement en ligne, particulièrement lorsqu’elles semblent cautionnées par des personnalités reconnues ou promettent des gains extraordinaires. Les petites entreprises, souvent moins équipées en matière de cybersécurité, représentent des cibles particulièrement vulnérables face à ces stratagèmes de plus en plus sophistiqués.

Une fraude de 19 millions d’euros orchestrée grâce à des deepfakes et des publicités ciblées a piégé plus de 200 personnes dans le monde, révélant une nouvelle ère d’escroquerie numérique.

Depuis 2023, les forces de l’ordre espagnoles traquent un réseau international de cybercriminels. Leur méthode combine intelligence artificielle et manipulation psychologique avec une efficacité redoutable. L’opération “Coinblack – Wendimine” a abouti à l’arrestation de six suspects à Grenade et Alicante. Ces individus sont accusés d’une vaste arnaque aux cryptomonnaies ayant causé 19 millions d’euros de pertes pour 208 victimes à travers le monde.

L’intelligence artificielle générative a servi d’outil principal dans cette fraude. Le groupe criminel a créé des deepfakes mettant en scène des célébrités comme MrBeast et Morgan Freeman. Ces vidéos truquées, intégrées dans des campagnes publicitaires sur les réseaux sociaux, vantaient des investissements en cryptomonnaies “fiables et rentables”. Les victimes, rassurées par ces visages connus, ont rapidement baissé leur garde.

Les escrocs ont déployé une stratégie sophistiquée. Ils utilisaient des publicités ciblées basées sur l’analyse comportementale pour identifier des profils spécifiques, souvent des personnes intéressées par la finance ou les cryptomonnaies. Après un premier contact, ils proposaient un investissement modeste de quelques centaines d’euros. Ils présentaient ensuite de faux bénéfices pour encourager des versements plus importants. Ce système formait une véritable chaîne de Ponzi habilement camouflée.

Pour établir la confiance, les criminels ont déployé un arsenal impressionnant. Ils combinaient outils numériques avancés, sites web factices et interlocuteurs formés à la manipulation psychologique. Chaque victime faisait l’objet d’une surveillance minutieuse pendant des semaines avant d’être approchée.

Le piège se refermait au moment du retrait des gains. Des obstacles techniques surgissaient soudainement. Les escrocs invoquaient des “problèmes de validation” ou des “erreurs bancaires”. Ils se présentaient ensuite comme des agents d’Europol ou des avocats spécialisés dans la récupération d’actifs, prolongeant ainsi leur emprise sur les victimes.

L’imitation parfaite d’un support client professionnel a joué un rôle crucial dans cette fraude. Les malfaiteurs avaient créé une infrastructure élaborée incluant centres d’appels fictifs, adresses email officielles et documentation imitant celle des institutions financières légitimes. Chaque victime recevait un traitement personnalisé, rendant l’arnaque plus crédible.

Un des cerveaux de l’opération prévoyait de s’enfuir à Dubaï, attiré par l’opacité de certains secteurs financiers. Il a été arrêté juste avant son départ. Tous les suspects font face à de graves accusations d’escroquerie, blanchiment d’argent et falsification de documents.

L’opération “Coinblack – Wendimine” résulte d’une collaboration entre la Police nationale espagnole, la Garde civile et plusieurs agences européennes de cybersécurité. L’enquête continue pour identifier d’autres complices et les plateformes utilisées pour le blanchiment des fonds volés, dont une partie a transité par des cryptomonnaies difficiles à tracer.

Les autorités ont alerté les réseaux sociaux et hébergeurs pour limiter la diffusion de deepfakes similaires. Cette tâche s’avère complexe face à la rapidité de génération et de partage de ces contenus. Fait préoccupant, de nombreux influenceurs et agences de communication diffusent ces contenus sans vérification préalable, comme l’a relevé une autre enquête récente.

Les deepfakes, nouvel outil des cybercriminels

Cette affaire s’inscrit dans une tendance plus large : la multiplication des arnaques exploitant l’intelligence artificielle. Les deepfakes ont considérablement évolué. Ils imitent désormais la voix, les expressions faciales et le langage corporel avec un réalisme troublant. Cette évolution soulève des questions fondamentales sur la sécurité numérique et la fiabilité des médias.

Les plateformes en ligne doivent renforcer leurs systèmes de détection de contenu frauduleux. Parallèlement, les utilisateurs doivent apprendre à repérer les signes d’arnaque. Il est crucial de se méfier des promesses de gains rapides, des pressions à l’action immédiate et des vidéos trop parfaites.

Les autorités européennes travaillent sur des mesures législatives encadrant l’usage de l’IA générative. Le futur règlement sur l’intelligence artificielle de l’Union européenne prévoit des sanctions sévères contre les usages malveillants. Cependant, la législation seule ne suffira pas. Une coopération internationale renforcée et des investissements massifs dans la cybersécurité sont nécessaires. L’éducation des internautes, particulièrement des plus vulnérables, demeure également essentielle.

Pour conclure

L’escroquerie utilisant l’intelligence artificielle et les deepfakes souligne l’urgence d’une sensibilisation accrue des investisseurs face aux menaces numériques évolutives. Cette affaire nous rappelle que la vigilance constante est désormais essentielle dans un environnement où les technologies avancées sont détournées pour tromper même les professionnels les plus avertis. Les entreprises doivent mettre en place des protocoles de vérification renforcés et former régulièrement leur personnel à reconnaître ces nouvelles formes de manipulation. Restons collectivement alertes et informés, car dans le paysage numérique actuel, personne n’est à l’abri d’une cyberattaque sophistiquée. 🚨

Sources
https://www.zataz.com/arnaque-numerique-quand-lintelligence-artificielle-piege-les-investisseurs/

Projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique

Usurpation d’identité et fraude au président

Fraude de 10 millions de dollars utilisant des chansons générées par l’IA

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À propos de l'auteur
Jantien RAULT

Depuis plus de 20 ans, j’accompagne les PME dans leur transformation digitale et la gestion de leur IT.

🔹 L’IT, c’est mon métier : infogérance, cybersécurité et optimisation des systèmes.

🔹 Les PME, c’est mon terrain de jeu : des solutions sur-mesure, adaptées aux vrais besoins des entreprises.

🔹 Ma vision : simplifier l’informatique pour qu’elle devienne un atout, pas un casse-tête.

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